Le Département de Philosophie de l'Université de Valladolid organise d'année en année, depuis 1992, sous le titre générique de " Journées de Philosophie ", des rencontres destinées à promouvoir la réflexion critique et le débat sur de divers sujets et problèmes étant objet du regard philosophique.
À plusieurs reprises, des problèmes appartenant à la vie sociale et politique actuelle, tel que le multiculturalisme, la globalisation, ou les rapports entre science et société, y ont été abordés. Des sujets dans lesquels le vecteur historique est incontournable, tel que l'anthropologie ou la philosophie médiévale y ont trouvés aussi leur place. Cette fois-ci, les Journées d'octobre 2007 envisageront l'importance des voyages dans la formation de l'attitude et de la pensée philosophiques, et réciproquement : l'empreinte de la philosophie dans le phénomène des voyages et dans leur inépuisable littérature.
La philosophie doit au phénomène des voyages en général et aux " grands voyages " en particulier tout un recueil d'idées et de réalités diverses : l'esthétique du paysage et la formation du goût esthétique, le caractère du sublime et le sentiment du beau, la fin du modèle créationniste et la naissance des premières intuitions évolutionnistes, le concept d'état de nature, le succès du langage taxonomique et celui de la nomenclature binomiale, la découverte de la biodiversité, la parution de l'individu cosmopolite, la réclamation conséquente des politiques transnationales, l'attraction fascinante qui exerce l'exotique, la naissance de l'ethnologie, la consolidation d'idées comme la tolérance et le respect à la différence…
Les voyages à leur tour sont, soit le reflet d'une philosophie dominante, soit l'expression symbolique d'un désaccord. Le voyageur voyage à une destination précise, porteur d'objectifs plus ou moins clairs, d'une hiérarchie de valeurs et d'un carnet de bord qui précèdent toujours le départ. La philosophie de l'époque est la cause de ces éléments, c'est elle qui dessine les traits morales et intellectuels du voyageur, et ce qu'il réussira ou refusera, ce qui exerce en lui fascination ou rejet résultera d'une manière empruntée de penser et de voir le monde. C'est pourquoi peut-être la perception du voyage a toujours oscillé entre l'approbation la plus enthousiaste et le refus le plus acharné ; et c'est pourquoi peut-être il y a des époques de voyages incessants et celles de paralysie voyageuse.
Cela dit, la philosophie n'a pratiqué qu'une navigation côtière dans les immenses océans ouverts par les voyageurs. Si voyager a changé notre manière de voir les choses, il semble raisonnable que la philosophie se montre à la littérature de voyages, et qu'à la lumière de ces récits nous renseigne avec son jugement droit de ce que le monde leur doit, et des voyages qu'ils restent à faire pour l'améliorer et mieux le comprendre. Enfin, il est nécessaire que la philosophie ne reste pas en arrière dans l'étude d'un genre où géographes, historiens, et anthropologues ont toujours trouvé une source inépuisable.
